Espérance ! Ceux qui sont morts
La grande et triste
erreur de quelques-uns, même bons, c'est de s'imaginer que ceux
que la mort emporte nous quittent. Ils ne nous quittent pas. Ils restent.
Où sont-ils
? Dans l'ombre ? Oh! Non, c'est nous qui sommes dans l'ombre. Eux
sont à côté de nous sous le voile, plus présents
que jamais. Nous ne les voyons pas parce que le nuage obscur nous
enveloppe, mais eux nous voient.
Ils tiennent leurs
beaux yeux pleins de gloire arrêtés sur nos yeux pleins
de larmes. O consolation ineffable, les morts sont des invisibles,
ce ne sont pas des absents.
J'ai souvent pensé
à ce qui pourrait le mieux consoler ceux qui pleurent. Le voici
: c'est la foi à cette présence réelle et ininterrompue
de nos morts chéris.
C'est l'intuition
claire, pénétrante que par la mort ils ne sont pas éteints,
ni éloignés, ni même absents, mais vivants, près
de nous ; heureux, transfigurés, et n'ayant perdu dans ce changement
glorieux ni une délicatesse de leur âme, ni une tendresse
de leur cur, ni une préférence de leur amour ;
ayant au contraire, dans ces profonds et doux sentiments grandis de
cent coudées.
La mort pour les
bons est la montée éblouissante dans la lumière,
dans la puissance et dans l'amour.
Ceux qui jusque-là
n'étaient que des chrétiens ordinaires, deviennent parfaits
; ceux qui n'étaient que beaux deviennent bons ; ceux qui étaient
bons deviennent sublimes !
Mgr.
Bougaud